La maladie d’Alzheimer

Comment s’occuper en toute sécurité des patients atteints de cette maladie et conserver leurs autonomies ? Source : HAS

Sommaire

Troubles cognitifs 
Amnésie
Désorientation dans le temps
Désorientation dans l’espace
Trouble des fonctions exécutives
Trouble de l’attention
Aphasie (Trouble du langage en expression et en compréhension)
Apraxie (difficulté à réaliser des tâches/actions/gestes de la vie quotidienne antérieurement acquis en l’absence de troubles moteurs : anticipation, planification, exécution, etc.) 
Agnosie (non-reconnaissance visuelle ou auditive des objets ainsi que tactile) ; Prosopagnosie (non-reconnaissance des visages) ;
Anosognosie (non-reconnaissance de ses troubles) En l’absence de troubles visuels ou auditifs 

Troubles sensoriels
Troubles du goût et de l’odorat 

Trouble du comportement
Apathie ( Manque de motivation)
Agressivité (verbale ou physique)
Irritabilité
Hallucinations, délires
Troubles moteurs | déambulation | Errance
Persévération (Répétition des mêmes actions, idées fixes.)
Désinhibition (attitude et/ou langage déplacés, souvent à connotation sexuelle)
Troubles du rythme veille/sommeil 

Troubles Psychologies, affectifs et émotionnels
Dépression

Les troubles cognitifs

Amnésie (trouble de la mémoire)

A faire  

• Donner des indices pour que la personne puisse éventuellement retrouver l’information, recontextualiser; 

• S’il existe un support écrit ou visuel, s’en saisir (accompagner la personne à l’utiliser, etc.); 

• Redonner l’information quand la personne nous le demande sans préciser qu’on le lui a déjà dit plusieurs fois, reformuler le propos, noter les questions répétitives et leurs réponses sur un cahier auquel la personne pourra se référer facilement, etc; 

• Solliciter la personne sur ses souvenirs, des choses agréables en lien avec la mémoire émotionnelle;  

• Partager des activités qui ont du sens pour la personne; 

•Partager des activités qui sont agréables pour la personne et son aidant (musique, etc.); 

• Privilégier le mono tâche (réaliser une seule activité à la fois); 

• Sinon, le mettre en place avec la personne si cela a du sens pour elle et qu’elle peut y retrouver les informations dont elle a besoin; 

• Conseiller l’utilisation des supports visuels pour se rappeler où sont les choses et comment on les utilise (pictogrammes, photos, etc.); 

• Inviter la personne à faire un maximum de choses, en particulier des choses qu’elle a l’habitude de faire.
 
A éviter  

• Interroger la personne sur des événements précis et récents au risque de la mettre en difficulté, en échec (exemple : qu’avez-vous mangé au déjeuner ?). 

• Néanmoins, la stimulation reste importante et interroger la personne sur des événements relatifs à sa mémoire peut permettre aussi d’évaluer son état.

Désorientation

Dans le temps

• Établir des routines structurées (répétitions de tâches, ritualisations). 

• Proposer l’installation de repères du temps (horloge simple, calendrier affichant un jour à la fois par exemple) 

• Écouter la personne, même si son discours semble confus quand elle évoque au présent des souvenirs passés (éviter de le pointer).
Dans l’espace 

• Veiller à l’installation de repères dans l’espace (maintien des objets à la même place, identification des espaces du domicile, etc.) 

• Accompagner les changements d’environnement : par exemple pour les vacances, emporter des repères ou objets habituels. 

• Conseiller sur un moyen d’identification si elle se perd (fiche d’identification, carte de coordonnées…) et identifier les objets qui sont emportés systématiquement pour y insérer les documents : veste spécifique, sac, chaussures, etc. 

• Informer sur l’existence de systèmes de géolocalisation (par exemple : balise GPS, téléphone portable, etc.).
 

Troubles

Des fonctions exécutives 

• Mettre en place des supports, des outils (liste de courses préétablie, liste des tâches à faire, etc.). ​
• Limiter l’accès aux moyens de paiement et privilégier les sommes en monnaie. 
• Conseiller la mise en place d’un téléphone adapté avec trois ou quatre numéros favoris associés à une image. 
• Proposer la création d’une fiche pour les numéros d’urgence et la placer près du téléphone fixe. Proposer d’adapter le contenu des armoires, un étiquetage. 
• Si possible, éviter de changer les appareils électriques ou électroniques (micro-onde, sèche-linge, etc.) ou choisir des systèmes identiques de fonctionnement (nb : valable aussi pour l’apraxie).
De l’attention

• Privilégier les conversations à deux personnes, au-delà trop d’informations que la personne peut ne plus pouvoir traiter. 

• Proposer une activité à la fois. Donner une consigne à la fois. 

• Ne donner qu’une consigne à la fois, en des termes simples et si possible limiter les sources de distractions (éteindre la radio ou la télévision, etc.) quand la personne est sollicitée pour réaliser une tâche (manger, faire une activité, etc.) et attendre la réponse (verbale ou motrice).

Aphasie
( Trouble du langage en expression et en compréhension)

A faire
 
• S’assurer que la personne porte ses appareillages (fonctionnels et adaptés).
 
• Maintenir la communication avec la personne, lui parler.
 
• Donner du temps à la personne pour qu’elle trouve ses mots, lui donner le mot qui manque en cas d’anxiété.
 
• Si nécessaire, aider la personne à trouver le mot : par exemple, ébauche orale (commencer le mot), ébauche écrite (écrire la première lettre).
 
• Ne pas hésiter à reformuler pour s’assurer d’avoir bien compris ce que dit la personne.
 
• Continuer à s’adresser à elle, se mettre face à elle, capter son regard.
 
• S’appuyer sur la communication non-verbale (mimiques, gestes, démonstrations, etc.)
 
• Se servir du support de la musique ou d’une langue étrangère le cas échéant.
A éviter 
 
• Parler à la place de la personne ou parler d’elle à une autre personne en sa présence ;
 
• La reprendre sans arrêt quand elle utilise un mot pour un autre ;
 
• Poser des questions « devinette » qui peuvent mettre en échec.

Apraxie
(difficulté à réaliser des tâches/actions/gestes de la vie quotidienne antérieurement acquis en l’absence de troubles moteurs : anticipation, planification, exécution, etc.)

A faire

• Proposer son aide d’abord grâce à un conseil (verbal), puis par imitation, ensuite en guidant ou amorçant le geste. 

• Privilégier un matériel adapté (par exemple, couverts avec support pour une prise en main plus facile, accompagné d’un schéma pour les étapes). 

• Préparer des aliments pouvant être mangés sans fourchette (« manger main »). Détailler étape par étape le déroulement d’une activité à l’oral, par support écrit ou visuel. 

• Limiter le nombre d’objets (par exemple, uniquement un gel douche dans la douche). Organiser les objets en fonction de leur utilité (par exemple, ne pas mélanger dentifrice et crème de jour). 

• Étiqueter les flacons (gel douche, shampoing, etc.).
A éviter 
 
• Faire à la place de la personne ;
 
• Introduire de nouveaux objets sans accompagnement dans la prise en main.

Agnosie
(non-reconnaissance visuelle ou auditive des objets ainsi que tactile);

Prosopagnosie
(non-reconnaissance des visages);

Anosognosie
(non-reconnaissance de ses troubles, en l’absence de troubles visuels ou auditifs)

A faire
 
• Accompagner par le langage, guider la personne pour « reconnaître » le bon objet, nommer les objets et leur utilisation…
 
• Ne pas hésiter à lui mettre l’objet familier dans la main (la personne peut ne pas reconnaître un objet visuellement mais le reconnaître par le toucher).
 
• Établir un ordre pour les gestes de la vie courante. 

 • Conseiller l’utilisation de supports visuels (pictogrammes, photos, etc.).
 
• Au moment de la toilette, mouiller d’abord les extrémités (pieds et mains) pour la refamiliariser avec la sensation de l’eau sur le corps.
 
• Rappeler son nom et sa fonction ou son lien avec la personne si elle a oublié.

Les troubles sensoriels

Trouble du goût et de l’odorat

• Échanger avec la personne en s’aidant de produits odorants simples/communication autour d’échanges olfactifs et gustatifs. Il n’est pas nécessaire de parler, un visage qui s’éclaire parce que la personne a perçu l’odeur qui lui « rappelle quelque chose » suffit à communiquer.
 
• Intégrer des exhausteurs de goût dans les mets (sauf contre-indication médicale).
 
• Privilégier les aliments préférés de la personne.

Les troubles du comportement

Apathie
(Manque de motivation)

• En priorité, alerter le médecin traitant pour une évaluation (signe possible d’autres troubles somatiques, etc.).
 
• Adopter une attitude non stigmatisante envers la personne (« il est apathique et non fainéant »).
 
• Rebondir sur quelques initiatives proposées par la personne.
 
• Rechercher chez la personne des centres d’intérêt et des potentialités préservées à solliciter et à valoriser afin d’éviter toute situation d’échec.
 
• Proposer de faire des activités sources de plaisir pour la personne et manifester son désir de les partager avec elle (lui donner envie).

Agressivité
(verbale ou physique)

Lutter contre ses propres sentiments négatifs et les inhiber pour ne pas surenchérir en manifestant de l’agacement ou de l’irritation.

Irritabilité

A faire
 
• Valider l’émotion ressentie par le patient, en verbalisant son désaccord ou sa colère, avec un ton en dessous de celui-ci ; reconnaître ses valeurs qui ont été bafouées dans l’acte qui a généré cette colère ; explorer avec lui, ou en fonction de la connaissance du patient, des moyens de la réguler.
 
• Laisser la personne exprimer sa colère (s’éloigner de la personne le temps qu’elle se calme) et essayer de comprendre la raison de cette colère (frustration, peur, mauvaise compréhension de la situation, etc.).
 
• Adopter une attitude apaisante (rester calme, parler doucement, rassurer la personne « je suis là pour vous aider… »).
 
• Encourager la personne à consulter son médecin traitant pour la recherche d’une cause somatique ou psychique, notamment en présence de cris, un facteur déclencheur qui peut être contrôlé ou atténué : douleur, inconfort, dépression, nuisances, inadaptation de l’environnement humain ou matériel, etc.
 
• Essayer de distraire la personne de cette situation (mettre de la musique par exemple).
 
• Pour l’aide à la toilette : privilégier une technique permettant une diminution de l’agitation.
A éviter 
 
• La confrontation.
 
• L’escalade de l’agressivité.
 
• Le chantage (« puisque vous avez été méchante, je ne prendrai pas le café avec vous »).

Hallucinations, délires

A faire
 
• Déterminer si l’hallucination ou l’idée délirante dérange la personne (si elle est agréable ou si elle ne dérange pas, il est préférable peut-être de ne rien faire à ce sujet).
 
• Proposer des explications rationnelles qui justifient les hallucinations de la personne mais ne pas insister si elle ne peut les entendre.
 
• Valider ce que la personne ressent : ils sont combien ? Est-ce que ça arrive souvent ? Il y a des fois où ça n’arrive pas ? …) et valider l’émotion de base générant ses « visions » : « Votre maman vous manque ? C’est elle qui vous rassurait quand vous étiez stressé ?
 
• Essayer de déterminer si la personne éprouve des difficultés à voir ou à entendre.
 
• S’assurer que l’éclairage est adéquat.
 
• Faire le tour du logement avec la personne pour lui montrer qu’il n’y a personne et la rassurer.
 
• S’assurer que la personne a une alimentation bien équilibrée (la malnutrition ou la déshydratation peut occasionner une nutrition insuffisante du cerveau).
 
• Essayer de rendre l’environnement confortable et sécuritaire (des personnes ou des environnements peu familiers peuvent être désorientants).
 
• Trouver une façon de soulager le stress (par exemple, si la personne affirme que son collier a été volé, aidez-la à le chercher ou essayez de la distraire en faisant autre chose).
 
• Mener une enquête pour vous assurer que les soupçons ne sont pas basés sur des faits. Il est possible que la personne soit réellement victime de quelque chose.
 
• Recourir à des distractions familières, comme écouter de la musique, faire de l’exercice, jouer aux cartes ou regarder des photos.
A éviter
 
• Argumenter ou contredire la personne ;
 
• Lui laisser entendre que ce qu’elle exprime n’a aucun sens.

Troubles moteurs | Déambulation | Errance

A faire
 
• Sécuriser le domicile.
 
• Si possible, accompagner la personne dans son envie de sortir de chez elle.
 
• Pour une déambulation qui dérange : proposer une autre activité répétitive comme plier le linge.
 
• Proposer une activité physique et de détente pour apaiser l’anxiété.

Persévération
(Répétition des mêmes actions, idées fixes)

A faire
 
• Détourner l’attention.
 
• Essayer de changer une idée fixe difficile à supporter par une autre plus acceptable.
 
• Valider l’émotion qui y est associée (la peur, l’angoisse, etc.) et essayer de comprendre le besoin sous-jacent (besoin de sécurité, d’utilité, etc.).
 
• Laisser le comportement s’exprimer parfois s’il ne représente pas de danger.

Désinhibition
(attitude et/ou langage déplacés, souvent à connotation sexuelle)

A faire
 
• Valider le besoin, le manque, la perte d’estime de soi avant de recadrer (ce n’est pas avec l’intervenant, mais la personne qui lui a toujours donné de l’assurance, qu’il veut avoir une relation).
 
• Reposer le cadre d’intervention (arrêter le soin, mettre la personne en sécurité et reporter le soin à un autre moment et, si possible, passer le relai à un autre collègue).
 
• Essayer le plus possible de ne pas se laisser affecter ou blesser par le comportement, considérer qu’il est lié à la maladie.
 
• Discuter du comportement avec les proches aidants car il génère souvent un sentiment de honte sociale et de repli (peur du rejet). Trouver des solutions avec eux pour les soulager.
 
• Rappeler les causes neurologiques à l’entourage permettant une déculpabilisation.
 
• Poser des limites verbales à la personne (non, vous ne pouvez pas dire ou faire cela).
 
• Détourner l’attention sur autre chose, changer de sujet.
A éviter 
 
• Faire des reproches éducatifs à la personne, l’infantiliser

Troubles du rythme veille/sommeil

A faire
 
• En priorité : encourager la personne à consulter son médecin traitant pour évaluer la situation (rechercher la cause de mauvais sommeil).
 
• Encourager la pratique d’activité physique quotidienne.
 
• Privilégier la consommation de boissons stimulantes (thé, caféine, etc.) tôt durant la journée.
A éviter 
 
• Les siestes le jour et en soirée ;
 
• Les bruits environnants ;
 
• L’exposition aux lumières et sources d’excitation avant le coucher (en particulier la lumière bleue : TV, ordinateur, téléphone) ;
 
• Les activités stimulantes en soirée ;
 
• Le repas du soir trop précoce, qui peut entraîner des réveils nocturnes si la personne a faim.
Pour le coucher 
 
• Établir une routine, un rituel rassurant (prendre une tisane, allumer une veilleuse, ouverture/fermeture des volets, etc.).
 
• Privilégier des vêtements de nuit amples, confortables, et faciles à enfiler/enlever
 
• S’assurer que les draps et les couvertures soient confortables, bien bordés.
 
En cas de réveil nocturne :
• Mettre à disposition boissons ou nourriture si la personne a faim ;
• Laisser la lumière des WC allumée pour guider la personne si besoin ;
• Avoir un système d’allumage automatique pour éviter les chutes (par exemple, dans les escaliers).

Troubles psychologiques, affectifs et émotionnels

Dépression

• En référer au médecin traitant.
 
• Laisser la personne exprimer son émotion et la nommer.
 
• S’assurer de l’absence d’idées ou de scénarii suicidaires.
 
• Écouter ce que la personne a à dire et entendre sa souffrance sans vouloir la minimiser.
 
• Chercher les causes, les évènement récents (deuil, choc psychologique, etc.) et les éléments de contexte (histoire de vie) pour une meilleure compréhension de ces signes.
 
• Encourager la personne à réaliser des activités appréciées et maîtrisées.
 
• Trouver des activités narcississantes pour valoriser l’estime d’elle-même.
 
• Identifier des éventuels leviers émotionnels (qui peuvent faciliter l’approche des soignants pour certains soins).